jeudi 28 décembre 2006
Percussions Traditionnelles de Cuba
EN ESPAÑOL AQUĺ
Manley "Pirí" López Herrera
est le plus jeune membre de la désormais célèbre famille de tamboreros "Los Chinitos de la Corea", inventeurs du guarapachangueo, joueurs de tambours batá et initiateurs de la série de cds "Abbilona" (16 cds déjà parus). Il est considéré comme l'un des enfants surdoués les plus talentueux de l'île de Cuba.
Depuis son tout jeune âge Piri joue la Rumba dans des groupes professionnels, et les tambours Batá ou les "Cajones al Muerto" dans les orchestres de rituels. Sa légende a grandi lorsqu'à l'âge de 15 ans il a remplacé "au pied levé" des Olubatá accomplis lors des séances d'enregistrement pour les 45cds du projet Abbilona, alors qu'il n'avait jamais mis le pied auparavant dans un studio d'enregistrement.
English version:
manleycvenglish.blogspot.com
mercredi 27 décembre 2006
Lexique explicatif des styles présentés
Tambours Batá:
Instruments principaux des rituels des esclaves Yoruba de Cuba originaires du Nigeria. Avec les chants, ils permettent la transe de possession des initiés par les dieux de la religion afro-cubaine dite "Santería".
Cajones:
Tambours de bois des rituels appelés "Cajones al Muerto" ou cérémonies spiritistes, permettant la transe de possession des initiés par les esprits des morts. Cette religion est un mélange de cultes catholiques, congo et yoruba.
Rumba:
Musique profane populaire dans laquelle on utilise également les cajones, et les congas.
Guarapachangueo:
Style de rumba créé dans les années 1970 par la famille López, qui a influencé ensuite la rumba dans toute l'île de Cuba au cours de la décennie suivante. Le nom qualifie également un nouveau type de cajón "à compartiments" également créé par les frères López.
mardi 26 décembre 2006
Curriculum Vitae
Spécialiste en percussions afro-cubaines
-Musicien initié de l'ensemble de tambours de rituels yoruba "Añá Obba Tola", appartenant à sa famille.
-Musicien de rituels dans les "Cajones al Muerto" ou cérémonies spiristes, également avec sa famille.
-Membre de la Compagnie internationale "Raices Profundas" de Juan de Dios Rámos "El Colo".
-A enregistré 17 cds distribués dans le Monde entier.
Né le 15 juin 1981, Manley est le plus jeune d'une famille de percussionnistes appelée "Los Chinitos", du quartier de la Corea, situé dans l'arrondissement de San Miguel del Padrón, à La Havane.
Cette famille est composée de quatre frères López: Reynaldo, Berto, Irián, et Pedro, et de son fils Manley. On a surnommé cette famille "los Chinitos" (les petites chinois) parce qu'ils sont, comme le dit Pedro López, "achinados" (ils ont "du chinois" - dans leur visage).
Crédits photo: Christine Ammour)
Expérience professionnelle:
-En 1991: Manley a commencé à jouer dans les rituels yoruba à l'âge de 10 ans, et connaissait déjà l'ensemble des rythmes sacrés sur les tambours d'accompagnement, qu'il avait appris avec son oncle Irián.
-Entre les années 1991 et 1997 il a intégré plusieurs formations de musiciens de rituels dont le "Tambor de Amador", le "Tambor de Pedro Aspirina" et en 1997 a définitivement intégré le "Tambor de Lázaro Cuesta" appelé "Añá Obba Tola", qui est aujourd'hui dirigé par son père Pedro López. Manley est maintenant le musicien principal du groupe.
-En 1995, Manley intègre le groupe "Aspirina Guaguancó" constitué de jeunes talents. La famille des "Aspirinas" de Guanabacoa est la plus célèbre famille de rumberos de La Havane, depuis les années 1940.
-À partir de 1997, les "Chinitos" ont commencé à réaliser des enregistrements commerciaux de tambours Batá, avec le projet "Abbilona", comprenant 45 cds, enregistrés en 4 saisons. Ces disques sont reconnus dans le Monde entier comme le travail le plus accompli dans le domaine de l'afro-cubain, mais également comme les mieux appropriés à l'étude de la musique yoruba de Cuba. Irian López en est le directeur artistique, et dirige les séances d'enregistrement. Les joueurs de tambour invités n'accomplissant pas le travail demandé de façon satisfaisante, Irián décide de faire appel au jeune Manley, qui a tout juste 16 ans, pour les remplacer au dernier moment. Manley pose pour la première fois de sa vie un casque audio sur sa tête, et, nullement impresionné par les conditions du studio, fait preuve d'un grand professionnalisme en enregistrant toutes les parties qu'il a à jouer en une seule prise. Il prend donc d'emblée une place prédominante dans le projet "Abbilona". Les musiciens cubains et les occidentaux ayant accès aux cds auront du mal à croire que les parties d'itótele (second tambour), difficiles car demandant une concentration permanente sur le jeu du tambour principal, et qui de plus comportent des variations nombreuses et sophistiquées, sont jouées par cet adolescent de 16 ans. Manley enregistre, sans jamais faillir, la matière sonore nécéssaire à la réalisation des 45 cds prévus par le projet.
-En 2004 il entre dans la compagnie folklorique "Raíces Profundas" dirigée par le grand chanteur Juan de Diós Ramós "El Colo". La compagnie fait partie des plus prestigieuses troupes folkloriques cubaines. Elle tourne internationalement depuis une quinzaine d'années. Au sein de cette compagnie, Piri se perfectionne dans tous les styles de folklore cubain, et apprend les rouages des chorégraphies modernes et du ballet, éléments non-traditionnels des troupes de danse cubaines utilisant le folklore et tous ces éléments dans un contexte "contemporain".
Manley maîtrise l'improvisation et l'accompagnement de la danse sur la quasi-totalité des 100 styles du monde afrocubain.
Il joue et enseigne les styles suivants:
• Rumba (Columbia, Guaguanco, Yambù, Guarapachanguero)
• Comparsa (musique de carnaval)
• Yoruba (tambours Batas, Guïro, Bembé, Iyesá)
• Congo (Yuka, Makuta, Makutica, Palo)
• Arará (Hebbioso, Afrekete, Asoyí, Asojanú, Mase, Tiñosa)
• Tonada Trinitaria
• Folklore "de Oriente" (Gagá, Vodú, Merengue haitiano-cubain, Tumba francesa, Tajona, Yubá Cobrero, Yubá Macota, Masón, Frenté, Manganzila)
Les "Chinitos" sont également des musiciens professionnels d'autres styles de rituels afro-cubains tels le "Guïro", et le "Cajón Espiritual" ou "Cajón al Muerto". Ils participent souvent aux "Sábados de la Rumba", manifestations hebdomadaires à l'initiative du Conjunto Foklórico Nacional.
Manley est engagé dans au moins 15 manifestations afro-cubaines par mois dont 10 au moins sont des cérémonies yoruba où il joue les tambours Batá.
Manley est réputé pour faire preuve d'une grande créativité, et ses improvisations influencent à l'heure actuelle de façon marquante l'évolution des styles de jeu afro-cubains à La Havane. Il est un des jeunes artistes les plus remarqués à La Havane.
Expérience pédagogique:
La transmission des musiques afro-cubaines s'est faite jusqu'à aujourd'hui de manière essentiellement orale. Manley a appris de cette façon depuis l'enfance avec ses oncles. Les Écoles d'art et les Universités cubaines enseignent également ces musiques depuis leur création dans les années 1960. Cela n'empêche pas la tradition orale de perdurer, et de rester un mode d'apprentissage privilégié chez les Cubains comme chez les étrangers vénus étudier à Cuba.
Depuis le début des années 80, les "Chinitos" enseignent chez eux les musiques afro-cubaines, à de nombreux étudiants venus du Monde entier. En 25 ans, ils ont connu un grand nombre d'élèves, et Manley, dès l'âge de 10 ans, a commencé à accompagner les cours avec ses oncles. Dès lors est née sa vocation particulière de transmission de son savoir. À tous ceux qui montrent de l'intérêt pour ces musiques, il dit souvent lui-même:
"J'aurai beau faire partie des meilleurs dans mon domaine, une fois que je disparaitrai: que restera-t-il de moi? Par contre, si je transmet mon savoir, ma culture continuera d'exister et peut-être ainsi parlera-t-on de moi un jour comme d'un maître?".
Manley enseigne depuis 6 ans à Cuba. Il a enseigné en Italie, en Belgique et en France.
(propos recueillis par Antoine Miniconi).